La route est longue d’un sous-sol de Repentigny jusqu’à la planète Tatouine. Surtout si l’on passe par le Super C, Central Park et le seizième étage du CHUM. Mais, pour l’esprit obsessif, rêveur et décalé du narrateur, ces détours sont autant d’aventures salutaires. Dans ce roman, on suit l’histoire d’un homme qui habite à Repentigny et est atteint de fibrose kystique. Il nous ouvre la porte de son quotidien, de ses difficultés, de sa solitude, de ses relations, le tout avec un humour dérisoire et poétique. Si la maladie occupe une part importante de sa vie, il ne se laisse pas abattre par celle-ci et trouve souvent refuge dans ses rêveries. Au passage, il y a plusieurs clins d’œil à la culture populaire et le narrateur entremêle régulièrement le monde réel avec celui de l’univers du film Star Wars et nous amène avec lui dans son monde idéal qu’il surnomme Tatouine.
Star Wars à Repentigny
Repentigny est une banlieue de Montréal où se déroule la majeure partie de Tatouine. Outre la fibrose kystique, le thème le plus récurrent du livre est le film culte La guerre des étoiles. « Le narrateur s’amuse à entremêler son monde et celui des personnages du film culte dans toutes les sphères de sa vie. Il compare l’élue de son cœur à Amidala, sa chambre à Dagobah et son monde idéal à la planète Tatooine, d’où vient le nom du roman. Cette planète faite de sable, existant seulement dans l’imaginaire du narrateur, mais bel et bien réelle selon lui, représente l’utopie. » (Impact Campus, Chanel Langlois Léguyer)
Pour Jean-Christophe Rehel, « Le lien le plus direct avec la maladie pulmonaire, c’est Darth Vader et sa relation avec la respiration. De consacrer une histoire à un personnage fan de Star Wars qui a la fibrose kystique, j’ai juste plongé là-dedans, pis je me suis amusé à écrire. » (Urbania, Jeremy Hervieux)
Réhel souligne aussi dans ses entrevues que ce livre n’est pas une autobiographie bien qu’il soit lui aussi atteint de fibrose kystique, « (…) mais pour ce qui est de la vie, je n’ai jamais travaillé au Super C, je ne suis jamais allé à New York, je n’ai jamais vécu dans le sous-sol d’un vieux bonhomme édenté : il y a donc beaucoup de fiction. Je n’ai pas non plus les mêmes enjeux de pauvreté que le personnage principal, je ne suis pas riche, mais je ne vis pas en situation de précarité. Il y a une grande part de fiction (…) ». (Vivre avec la fibrose kystique, entrevue)
Tatouine se distingue par son humour et Jean-Christophe Réhel ne s’en cache pas : « L’humour, je le mets partout. En poésie, je fais beaucoup d’autodérision, je ris souvent de moi-même. Je pense que ça me ramène sur Terre, et que ça permet de mieux être à l’écoute durant les moments sérieux, les moments où je remets des choses en perspective. Dans le roman, j’avais pas le choix d’injecter cet imaginaire de folie là, parce que sinon ça aurait été insupportable. » (Urbania, Jeremy Hervieux)
Finalement, c’est ce qui fait de Ce qu’on respire sur Tatouine une œuvre unique, c’est la manière dont Réhel infuse de la beauté à des choses tout à fait banale.